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L'affaire Cano - 2

Lettre de Schmidt à Soullié 31 mai 1908

Schmidt reçoit le catalogue Choquet qui ne contient pas les informations recherchées. Il décrit en détail les inscriptions portées au dos du tableau, les documents qui l'accompagnent puis les circonstances de l'acquisition mais ne s'enquiert que très brièvement du Robert..

En marge de la première page, taille du tableau : Mesure 077 x 057

Monsieur L. Soullié, Rue des Sablons, Orsay

Votre lettre et le catalogue Choquet me sont bien parvenus, et je vous le renvoie en vous remerciant de votre obligeance. Mon tableau ne s'y trouve pas indiqué, cette collection a été numérotée différemment plusieurs fois et a dû se vendre aussi en plusieurs fois car mon tableau est numéroté en premier No4 et après No19.

Le tableau n'est pas signé, en très bon état et porte sur le bas de la toile peint par l'artiste [texte en espagnol] 1653 »

Sur la toile, derrière sont les inscriptions suivantes : No4 Collection que possède F. Choquet à Grenade 1841 ; Et ensuite une autre : No19 Galerie de F. Choquet, Rue du Prince 22, Madrid. 1850 Galerie F. Hermann [texte en espagnol]

En plus une attestation d'expert collé sur la toile et portant le texte suivant : No4 [texte en espagnol]

En outre se trouve collé l'article de journal suivant : [texte en espagnol]

Le dit tableau a fait partie ensuite de la Collection Chappuis qui était consul suisse à Madrid et était un familier de la Reine Isabelle. À la mort de ce dernier, son neveu M. Navarro hérite de cette collection. Navarro habitait Genève et exploitait une agence immobilière. Il fit de mauvaises affaires et finalement recouru au suicide. L'office des faillites s'empara de la dite collection en vendit le tout à vil prix aux enchères publiques comme on vend du bric à brac et voilà comme j'ai eu ce tableau pour un morceau de pain.

C'est là encore où les experts et marchands ont fait preuve d'ignorance et d'ânerie comme vous le dites si bien. Aussi je m'en suis toujours passé, et je n'achète jamais qu'en me fiant à mon propre jugement, et je m'en suis toujours bien trouvé.

Lorsque vous aurez des nouvelles du L. Robert, veuillez, je vous prie, me les communiquer.

En attendant de vous lire, veuillez agréer, Monsieur, ...

Ecrit verticalement dans la marge gauche de la quatrième page :

Veuillez excuser mon griffonnage je ne sais l'espagnol et forcément j'aurai fait des fautes de copie.

Lettre de Schmidt à Soullié 9 juin 1908

Soullié envoie le Robert à Schmidt. Ce dernier dénigre d'abord le tableau, mais pour sans doute ne pas décevoir Soullié, il transige en déclarant pouvoir le proposer à un ami, puis il revient à la vente du Cano qui semble être sa préoccupation principale.

Monsieur L. Soullié à Orsay

Rentré hier soir, j'ai trouvé votre panneau (il s'agit du L. Robert-N.d.E), qui était arrivé samedi en bon état.

En toute franchise, j'avoue que vu les dimensions indiquées, j'ai été un peu déçu, il est loin de la valeur du premier. En outre quel est le maladroit qui a pu laquer ce panneau, ainsi qu'une enseigne ou une voiture. De même on [a] dû passer du bronze liquide sur le cadre et on a granité de petits points toute la peinture.

J'ai donc le regret de vous dire, que je ne puis acquérir cette peinture pour mon propre compte, mais si vous voulez me confier le panneau quinze jours à 3 semaines je pourrai peut-être le placer chez une de mes connaissances qui s'intéresse plus que moi à ce genre de peinture mais qui se trouve absente pour un laps de temps. Dans le cas contraire veuillez me le dire et je vous le renverrais de suite.

Quant au Cano, je ne connais pas le prix de vente des tableaux de cet artiste. Je vous dirai aussi que je ne m'en suis pas occupé à ce jour. C'est même pour cela que je vous avais demandé le catalogue Choquet croyant y trouver une indication. Pourriez-vous peut être me donner une idée à ce sujet.

Dans l'espoir de vous lire, recevez, Monsieur, ...

Lettre de Schmidt à Soullié 17 juin 1908

Schmidt semble agacé par l'insistance de Soullié à vouloir à tout prix lui « caser » des tableaux qui, visiblement, ne l'intéressent pas. Cependant, il prend soin de ne pas rompre le dialogue avec son intermédiaire pour la vente du Cano, en lui ménageant des espoirs de vente.

Monsieur L. Soullié à Orsay

J'ai bien reçu votre lettre mais n'ai pu vous répondre de suite.

Je trouve qu'il est inutile de m'envoyer un cadre pour le panneau, je juge très bien une peinture sans cela et je sais très bien faire la différence entre une toile nue et une toile habillée. En plus les cadres paient la douane ce serait donc des frais inutiles. Quant aux études de Calame envoyez-les si vous le jugez utile et si elles sont à des prix raisonnables, mais bien entendu sans engagement, j'essaierai de vous les placer. Cette peinture est bien démodée. La jeune école suisse interprète la haute montagne d'une manière différente et bien plus puissante. Mme Veuve Calame est morte ces derniers temps et je ne sais encore si les oeuvres de son mari qui sont nombreuses seront partagées entre les descendants ou bien si cela aboutira à une vente.

J'ai oublié de vous dire dans ma dernière lettre, que le manque de signature du panneau Robert, est encore un sujet de dépréciation. Quant au vernis je n'en suis nullement ennemi pour certaines peintures mais de la manière que le dit panneau a été vernis, il y a une grande différence entre la manière de vernir un panneau de bois et une toile, surtout que ce travail est de date récente.

Veuillez agréer, Monsieur, mes sincères salutations.

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